En 1894, deux polytechniciens, Albert Lévy (X 1863) et Gaston Pinet (X 1864) publient L’Argot de l’X, « dictionnaire » des traditions de l’École, de ses codes et de l’argot qui y est associé. L’ouvrage de 326 pages présente les mots qui, au fil des années, sont entrés dans le langage usuel de l’École : « casert » pour désigner les logements des élèves, « conscrit » pour les élèves de première année, « tangente » pour l’épée des polytechniciens qu’ils portent « tangente » à la bande du pantalon d’uniforme.
De même, la pratique de l’aphérèse, qui consiste à supprimer des phonèmes en début de mot a donné quelques expressions usuelles à l’École comme « binet », abréviation de « cabinet » qui désignait les salles ayant une affectation autre que celle de dortoir ou de salle d’étude. Le mot désigne aujourd’hui une association étudiante à l’X. Autre procédé, l’apocope consiste à supprimer des phonèmes en fin de mot. L’Argot de l’X introduit ainsi les termes de « coeff », « exam », « méca » ou « labo », aujourd’hui largement utilisés dans le langage courant.
Enfin, certains mots de l’argot polytechnicien ont franchi les murs de l’École et sont entrés dans les dictionnaires de langue française. « Laïus » provient ainsi des références récurrentes d’un professeur de littérature aux malheurs du roi Laïus dans oedipe. Les élèves disaient alors « voilà le laïus qui recommence ». « Binôme », terme mathématique datant du XVIe siècle, est utilisé à l’École pour désigner le camarade avec lequel on partage sa chambre. Par extension aujourd’hui, il désigne un coéquipier dans une équipe de deux. « Sécher » est utilisé quand les élèves ne souhaitent pas étudier une partie de cours ou qu’il saute un chapitre de roman. Aujourd’hui, le terme est bien connu des étudiants… Deux autres éditions de l’Argot ont été publiées : le Nouvel argot de l’X, en 1936, et le Dictionnaire de l’argot de l’X, en 1994.